Maison minimaliste : bien plus qu’un décor épuré


JOCELYN ORTYZA

Architecte de formation, je suis une passionnée de décoration intérieure.

Parfois, je réalise que ma journée commence dans le hall d’entrée. Pas devant mon ordinateur, pas dans la cuisine : juste là, coincé entre des chaussures esseulées et un sac qui a décidé de vivre sa propre vie. Ce matin-là, j’ai posé mon café, j’ai respiré, et je me suis dit : “Et si ma maison cessait de me tirer vers le bruit ?” C’est là que la maison minimaliste a commencé à prendre forme — pas dans un grand ménage héroïque, mais dans un geste calme, presque têtu.

Une maison minimaliste n’est pas un showroom. C’est un espace où chaque objet a une raison d’être et un endroit où retourner. Vous n’avez pas besoin d’une palette beige uniforme ni d’un canapé que personne n’ose toucher. Ce que vous cherchez, c’est de l’air : moins de chaos visuel, plus de respiration. Une table dégagée, un plan de travail accessible, un panier “à traiter” plutôt qu’un tas qui se propage. Est-ce que tout doit être caché ? Non. Mais chaque chose mérite une intention.

Par où commencer sans se perdre

Je vous propose un itinéraire réaliste, sans injonctions ni records de tri.

L’entrée : le sas de décompression

Un meuble bas avec tiroirs fermés, un vide-poches, trois patères, pas dix. Une corbeille pour le courrier (à vider chaque vendredi soir). J’ai gardé une boîte pour les clés et… les câbles orphelins. Oui, ils reviennent toujours. Mais au moins, ils reviennent au même endroit.

La cuisine : le terrain de vérité

Ouvrez le tiroir des ustensiles. Gardez ceux que vous utilisez chaque semaine. Le reste ? Don, vente, boîte “doute” que vous réouvrirez dans 30 jours. Sur le plan de travail, deux zones : préparation et café/thé. Rien d’autre. Les surfaces dégagées ne sont pas un caprice esthétique : elles réduisent le temps de nettoyage et la charge mentale. (Et accessoirement, elles évitent de râler sur le moulin à poivre géant reçu à Noël.)

Le salon : textures, lumière, respiration

Plutôt que d’acheter “du minimaliste”, jouez avec ce que vous avez. Une bibliothèque rangée par catégories (pas forcément par couleur), un plaid bien plié, une plante qui aime l’endroit. Remplacez la table basse XXL par un modèle plus léger ou deux petits modules. Le but n’est pas d’impressionner, mais de vous détendre.

La chambre : dormir, point

Deux tables de chevet, un éclairage doux, un panier à linge qui n’explose pas. J’ai réduit ma garde-robe en un “placard capsule” de saison (10 à 15 pièces visibles), le reste en haut. Résultat : je m’habille plus vite, je regrette moins mes achats, je respire mieux. Vous pouvez essayer sur un mois, sans serment éternel.

Le tri qui ne fait pas mal

Évitez la frénésie. Mieux vaut un rituel hebdomadaire de 20 minutes : un tiroir, une étagère, une catégorie (tasses, torchons, câbles… eux encore). Règle douce : si un objet n’a pas servi depuis un cycle de vie (une saison), il passe dans la filière don/seconde main. Et si vous hésitez, mettez-le en quarantaine dans une boîte datée. Vous verrez bien.

Ce que l’on gagne, et ce que l’on accepte de perdre

On gagne du temps, de la clarté, moins d’irritations. On perd un peu “d’options” et quelques “au cas où”. Parfois, ça serre le cœur. Je me suis séparé d’un service à dessert hérité — beau, mais jamais utilisé. J’ai gardé deux assiettes pour les anniversaires. Le compromis, c’est aussi du minimalisme.

En bref — et ensuite ?

Une maison minimaliste, c’est un espace intentionnel : moins d’objets en transit, plus de pièces qui servent vraiment, des routines légères qui tiennent dans la durée. Commencez par l’entrée, continuez par un tiroir de cuisine, testez une capsule dans la chambre. Pas besoin d’aller plus vite que votre vie.

Si cela vous parle, dites-moi en commentaire par où vous commencez aujourd’hui. Et si vous avez un coin “impossible”, décrivez-le : on trouvera ensemble une version plus simple — et plus à vous.